Echanges

AG 2020

A l’occasion de son assemblée générale dématérialisée, la FAPEE a tenu une séance d’information et d’échanges. Olivier Brochet et Jean Christophe Deberre se sont exprimés sur l’enseignement et les relations aux familles dans un contexte de pandémie et de crise économique.

Echanges

Intervention d’Olivier Brochet (directeur de l’AEFE)

Olivier Brochet a tenu à remercier le bureau de la FAPEE pour la qualité des échanges au cours des derniers mois qui ont été soutenus, francs et constructifs, et qui visent à trouver les meilleures solutions pour affronter cette période particulièrement complexe. Il a rappelé l’importance d’avoir des interlocuteurs légitimes, fiables et responsables et salué le rôle - fondamental pour l’Agence - des APE qui ont des élus dans les conseils d’établissements, qui sont investies de longue date et qui remontent les difficultés des familles et de leurs enfants. Il a indiqué pouvoir compter sur l’AEFE pour renforcer le dialogue avec la FAPEE et ses associations membres car c’est dans l’intérêt commun. l’AEFE essaie d’avoir une approche réaliste, rationnelle et cohérente dans cette crise, dure et anxiogène, notamment pour les parents à qui elle rend hommage pour leur confiance dans leur établissement, à la hauteur de leur engagement de long terme. Elle veut répondre à leurs exigences mais le dialogue doit tenir compte de l’ensemble des réalités pour élaborer des solutions constructives, dans l’intérêt des enfants et des établissements.

Enseignement à distance

Contraint pas la crise et le contexte mondial de pandémie, l’EAD a pour but d’atteindre les objectifs pédagogiques par d’autres moyens et de tenir dans la durée.
45.000 actions de formation des enseignants ont été mises en place, le premier quart pour la mise en place et la consolidation des dispositifs et depuis le mois d’avril pour l’adaptation, l’homogénéisation et l’enrichissement des pratiques. Les enseignants sont également accompagnés sur l’évaluation. Il est prévu un accompagnement des enfants pendant les vacances (sans professeurs) pour préparer les conditions de la reprise des élèves qu’on espère effective pour tous. Les directions et les équipes ont fourni un gros travail, il faut les encourager à continuer.

Impact de la crise sur les familles

Pour les familles françaises, des recours gracieux permettent d’obtenir des bourses ou la révision de quotité pour le paiement du 3ème trimestre. 2500 dossiers ont été déjà reçus et instruits le plus rapidement possible. Les CCB pour l’année 2020-21 se sont à peu près tous réunis, et les dossiers sont instruits par le service de l’aide à la scolarité pour envoyer les résultats dans les plus brefs délais aux familles et aux établissements. Les demandes sont en forte hausse pour cette CCB1 par rapport à l’an dernier et un complément de 50M€ a été accordé pour faire face aux nouvelles demandes en CCB2 et aux révisions de quotité.
Pour les autres demandes, ce sont les annonces faites par les ministres, reposant sur une avance de trésorerie, qui sera utilisée pour les établissements de toutes catégories. Le dialogue est engagé avec tous les établissements qui en font la demande via les postes. Pour les EGD et conventionnés, ce sont des accords d’échéanciers pour le paiement des remontées vers l’AEFE. Pour les partenaires, l’AEFE étudie les mécanismes les plus pratiques. L’avance de trésorerie lui sera versée que dans quelques mois, elle travaille pour l’instant dans les marges de sa propre trésorerie et va prioriser les demandes des établissements en fonction de leurs difficultés.

Anticipation de la rentrée

La crise économique impactera la rentrée. L’AEFE travaille sur différents scenarii car tout dépend du contexte sanitaire et des décisions prises par les autorités locales. La complexité d’organisation est énorme. L’enseignement sera certainement hybride et, dans certaines régions du monde, l’incertitude d’une ouverture même partielle reste grande, notamment en Amérique Latine.
De grands groupes français opérant en Afrique ont pris, par exemple, la décision de ne pas renvoyer les familles jusqu’à la rentrée 2021. Ces décisions auront un impact très lourd sur certains établissements. La situation est à suivre au cas par cas.
En raison de vols supprimés, de mesures de quatorzaine imposés, l’AEFE doit gérer les mouvements de personnels complexes pour avoir les équipes les plus complètes possibles et l’ensemble des enseignements assurés à la rentrée.

Intervention de François Normant (président de la FAPEE)

La FAPEE insiste sur la nécessité de donner une reconnaissance aux associations de parents d’élèves dûment constituées. La crise a exacerbé la volonté des parents d’avoir une gouvernance partagée - même lorsqu’ils ne sont pas gestionnaires - car les décisions affectent les frais d’écolage. Devant la multiplication des collectifs, des pétitionnaires, la MLF et l’AEFE doivent être à l’écoute des associations responsables.

Intervention de Jean-Christophe Deberre (directeur général de la MLF )

La période est pleine d’incertitudes, mais la vraie certitude est que la fréquentation des établissements est suspendue à la réalité de la situation économique des familles. Malgré tous les efforts de la Mission Laïque et malgré l’aide que l’état va mettre en place, le réseau souffrira sans doute.

La relation aux parents d’élèves

Aujourd’hui, la relation est clairement établie entre le débours et la qualité du service rendu - non plus globalement -mais dans chacun des niveaux d’enseignement. Dans cette perspective, il sera intéressant d’observer les décisions de justice locales en raison de la grande faiblesse contractuelle de la relation aux parents d’élèves qui devra être consolidée à l’avenir.
La qualité de la représentation parentale
Les associations élues, représentatives, butent sur la relation du parent payeur avec les finances des établissements qui a pris plus d’ampleur pendant la pandémie. La seule solution pour les établissements est de faire auditer annuellement tous les budgets des établissements. Les audits sont très coûteux mais seront le prix à payer pour recouvrer la confiance.
La communication
Les canaux formels de communication fonctionnent mal et sont disqualifiés par l’abondance d’usage des réseaux sociaux, l’interpellation tous azimuts, notamment auprès des parlementaires (que Jean-Christophe Deberre remercie pour leur solidarité). On ne peut rien faire contre la presse ou les réseaux sociaux, mais on peut démentir les fausses informations par la mise en place d’une communication institutionnelle forte.

Echanges avec les représentants de parents

Q/La communication avec les familles est indispensable. Quel est le nouveau contrat éducatif que les établissements concluront avec les familles ? Quelles mesures seront prises pour les élèves allophones qui auront perdu un trimestre ?
Pourquoi les mesures de chômage partiel n’ont pas été mises en œuvre lorsque cela était possible ? Est-ce qu’il est envisageable de faire appel à une cellule de médiation lorsque le dialogue entre parents et directions des établissements est altéré ?

Réponse de M. Deberre
Lors de l’évaluation des économies réalisables et des conditions pour appliquer le chômage partiel, il est apparu que celui-ci concernait des montants dérisoires et qu’il était difficilement applicable en Espagne.
Concernant la médiation : la formule du médiateur qui vaut à l’éducation nationale vaut lorsqu’on a un système homogène. Il y a une extraordinaire diversité des situations dans ce réseau. Il faut mettre en place une instance d’échange nécessaire pour éviter l’usure des chefs d’établissement et des associations parentales. Elle permettrait au niveau local de combler le vide entre les parents éloignés de l’enseignement français à l’étranger et les établissements.
Les parents nationaux ne connaissent pas l’enseignement français, nous devons combler cette distance par une documentation complète et détaillée.

Réponse de M. Brochet
Durant le COVID, les parents -impactés dans leur situation personnelle- ont développé une appétence pour la gestion des établissements qui n’existait pas auparavant.
L’AEFE est un opérateur public qui met en œuvre des stratégies décidées par l’Etat et ne peut pas avoir le même degré de réactivité qu’une entreprise privée. Elle a des règles de travail soumises à l’usage de fonds publics (40% de son budget provient de subventions publiques). Même si une partie de ses recettes vient des frais d’écolage, ces fonds, d’origine privée, deviennent des fonds publics et leur usage est contrôlé à l’euro près, ce qui entraine des délais pour les prises de décisions, un dialogue permanent avec les autorités de tutelle.
Le plan de développement de l’EFE prévoyait un certain nombre d’adaptations du fonctionnement de l’Agence, aussi bien dans son CA qu’au niveau des EGD. (Pour les établissements conventionnés avec lesquels elle a des liens forts, elle distingue les responsabilités pédagogiques des responsabilités de gestion qui sont celles des comités de gestion. La relation de l’AEFE avec les parents y est donc moindre et encore moindre dans les établissements partenaires). La crise est venue percuter et interrompre les groupes de travail sur la nouvelle circulaire sur les instances, associant mieux les parents à la gouvernance des EGD. Les décisions seront mises en place dès que le travail normal reprendra. En attendant, il est demandé aux proviseurs de s’inspirer de l’esprit dans lequel l’AEFE travaille depuis l’annonce du plan de développement : dialogue, transparence, association à la décision, dans leur communication avec les parents.

Q/Prise en charge des élèves allophones. Modalités de réinscription et la préparation de rentrée. Modification des calendriers.

Réponse de M. Brochet
La rentrée ne sera pas comme les précédentes : elle s’étalera sur toute la période 1 (rentrée septembre - vacances de la Toussaint), pendant laquelle un bilan individuel de chaque élève sera fait et le programme de la classe sera ajusté en conséquence pour mener tous les élèves vers la réussite. Une attention particulière sera portée aux élèves allophones pour assurer que les bases sont acquises. Le service pédagogique est en communication avec les établissements pour aider les élèves à se préparer pendant les vacances.
Il est important de se concentrer sur les enjeux et les objectifs de rentrée : ils seront communiqués aux personnels. Ils le seront aussi aux familles.

Evolution des contraintes de calendriers : il est toujours possible de les aménager dans les instances des établissements, sous l’égide de l’Ambassade puis de l’AEFE qui valide. Il faut garder en tête les objectifs pédagogiques pour les enfants et construire un dispositif adapté. Cela se discute avec les équipes dans les établissements, sur ce point, l’AEFE n’est que soutien et conseil.
Le bac dans l’hémisphère sud
Olivier Brochet explique que l’AEFE actuellement en dialogue avec le MEN. Il y a toujours beaucoup d’incertitudes aujourd’hui sur la rentrée prochaine mais ce bac se déroulera vraisemblablement à l’identique de celui de juin dans le rythme nord.

Demandes des APE

1/ Avoir des échanges réguliers entre AEFE et APE initiés par la FAPEE dans le cadre d’un suivi régulier de gestion de la crise car le silence de l’AEFE a eu un impact négatif sur le ressenti des parents
2/ Mettre en place une plateforme pédagogique unique pour homogénéiser les cours à distance et avoir un cadre cohérent . Il y a une méfiance des directions et enseignants sur “l’interventionnisme” des parents. Or les parents ont été en prise directe sur la qualité des enseignements. Ils ont pu faire un constat que les directions refusent d’entendre.
3/ Etre attentifs à tout ce qui se met en place pour les élèves EBEP car cela va servir à l’ensemble des élèves, tant au niveau pédagogique qu’en ce qui concerne la vision de l’école. La problématique de la relation parents/profs/direction est la réalité des parents EBEP depuis des années. Les chefs d’établissement n’ont pas de pouvoir sur les enseignants, la différenciation pédagogique n’est pas forcément assurée. Nous devons mener une grande réflexion ensemble. Le colloque sur l’école inclusive aura lieu à Bruxelles en Mars 2021.
4/ Faire un bilan pédagogique honnête de l’EAD avec les directions, les équipes et les APE, d’ici la fin d’année pour que chacun puisse s’exprimer et être entendu, sans juger, pour préparer au mieux la rentrée.
5/ Moratoire sur les réinscriptions conditionnées au paiement du T3 (mais veiller à la pérennité des établissements)
6/ Répondre aux urgences financières des établissements.