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Intervention de la FAPEE au 1er rendez-vous Reflexe-S

A l’invitation de la sénatrice Samantha Cazebonne

Ce premier rendez-vous portait sur les conditions de rentrée et les perspectives pour 2023

Intervention de la FAPEE au 1er rendez-vous Reflexe-S

La FAPEE se félicite du retour à la normale, dans un environnement post-covid, pour la grande majorité des établissements. Toutefois, nous n’oublions pas les établissements toujours confrontés à des niveaux élevés de contraintes sanitaires et ceux qui doivent faire face à des contextes géopolitiques ou économiques critiques.
Nous souhaitons rappeler, en cette rentrée 2022, la contribution majeure de la communauté parentale au fonctionnement de notre réseau. Cette contribution, et nous ne pensons pas ici uniquement à sa composante économique, nous la souhaitons forte et constructive, et nous la défendons particulièrement dans ses dimensions associative et apolitique.
Par-delà les spécificités locales, nous souhaitons relayer maintenant un certain nombre de préoccupations et d’attentes de nos associations adhérentes, représentatives de la diversité géographique et statutaire des établissements. Ces préoccupations et attentes s’agrègent autour de trois équilibres :

  • L’équilibre éducatif ;
  • L’équilibre économique ;
  • L’équilibre de la gouvernance.
    Ces équilibres sont, selon nous, autant d’équations à résoudre et à articuler pour améliorer la santé et l’attractivité du réseau.

Au plan de l’équilibre éducatif, et pédagogique, notre principale préoccupation est celle de la qualité des offres d’enseignement et des services proposés aux élèves.
Nous constatons que les acteurs du réseau se félicitent notamment de la trajectoire de croissance des établissements et des résultats à la hausse des élèves au baccalauréat. Ces critères ne sont évidemment pas suffisants pour prendre la mesure de l’enjeu de la qualité des offres et des services. Les résultats des enquêtes comparatives au niveau international sont utiles pour nous le rappeler.
L’idée n’est pas ici de recenser les axes d’amélioration du système éducatif français (tant en matière pédagogique que de vie de l’élève) mais de souligner que le réseau de l’enseignement français à l’étranger doit être moteur, au moins en tant que terrain d’expérimentation, des évolutions et innovations pédagogiques nécessaires, visant notamment à placer l’élève toujours plus au centre, en s’appuyant sur des personnels au contact d’autres systèmes éducatifs et sur des communautés parentales impliquées. Cela n’est pas toujours le cas dans nos établissements.
Nous ne pourrons pas répondre pleinement à cette exigence de qualité sans prendre en compte les conditions de travail des personnels enseignants et non enseignants, sans adéquation entre les objectifs fixés et les ressources humaines mobilisées. Or, de nombreux établissements doivent composer aujourd’hui avec des pénuries de personnel qualifié, liées à des enjeux de disponibilité au sein de l’ensemble du système éducatif ou à des problématiques d’attractivité locale.
Les politiques de ressources humaines doivent répondre à des défis de disponibilité, de réactivité au service des établissements – et la formation, à travers notamment les instituts régionaux de formation, en est un volet primordial.
Sur le volet éducatif et pédagogique, nous voulons également mettre en avant les besoins exprimés par les associations de parents d’élèves en cette nouvelle rentrée, notamment sur :

  • La politique de langues (notamment concernant les langues locales) ;
  • La mise en place du bac français international (avec un besoin d’explicitation supplémentaire) ;
  • L’orientation (avec une approche internationale ne se bornant pas à la nécessaire promotion de l’enseignement supérieur en France, et une vigilance particulière sur l’accessibilité de certaines filières pour les élèves du réseau).

Sur l’équation économique, les inquiétudes des associations des parents d’élèves sont fortes.
Dans un contexte de crise sanitaire suivie d’une conjoncture économique inflationniste, les alertes sur la soutenabilité des frais de scolarité sont réelles.

Parallèlement, certains établissements peinent à dégager les moyens nécessaires à leur fonctionnement et à leurs investissements. Sur les projets immobiliers notamment, les problématiques de montage financier et de capacités sont bloquantes dans plusieurs établissements.
Par ailleurs, les sources de financement complémentaires, comme par exemple le mécénat, sont relativement peu développées.
Dans ce contexte, nous devons progresser pour une meilleure gestion des établissements, saine, professionnelle et transparente, et ne pas considérer les frais de scolarité comme la variable d’ajustement. Certains établissements ont su modérer l’évolution des frais de scolarité tout en améliorant la qualité des offres et des services - que le réseau dans son ensemble s’en inspire. La hausse des écolages devrait d’ailleurs être davantage mise en regard de l’accroissement de la qualité.
Equation économique toujours, en matière d’équité, nous constatons actuellement de fortes disparités entre les établissements, donc entre les élèves et entre les parents, en termes de contribution au financement global du réseau. A titre d’exemple, le projet de contribution unique, visant à revoir les flux financiers entre les établissements et l’AEFE, reste aujourd’hui trop peu défini pour savoir s’il sera un outil d’harmonisation pour plus d’équité.
Notons également, pour conclure sur l’équation économique, que le financement des nouveaux postes de détachés reste à préciser.

Concernant la gouvernance, et donc la place des associations de parents, nous avons généralement pu constater ces dernières années une volonté accrue d’impliquer les parents dans un dialogue continu et soutenu au sein des établissements. Toutefois, la représentation des parents n’est toujours pas à la mesure de leur rôle, tant au sein des instances locales que globales. Nous militons pour une association plus forte aux prises de décision, dans un esprit constructif et non partisan.
Dans certains établissements, nous voyons que les associations de parents d’élèves peinent encore à établir un mode d’échange satisfaisant avec la direction. Pour les établissements à gestion parentale, nous demandons une refonte des modes de gouvernance, et notamment un nouveau format de convention, plus conforme aux exigences d’une gouvernance saine et partagée.
Pour l’ensemble des établissements du réseau, nous attirons également votre attention sur la nécessité de mieux prendre en compte les spécificités locales, au regard des formes juridiques des établissements et du droit social local. Il est parfois encore trop difficile pour les associations de parents d’élèves de réconcilier normes françaises et locales.

Les équilibres éducatifs, économiques et de gouvernance constituent des paramètres essentiels pour accroître l’attractivité de notre réseau.
En effet, les établissements font face à une concurrence hybride (écoles anglophones, écoles locales ou de pays tiers, autres écoles francophones). Cette concurrence nécessite à la fois davantage de coordination entre les établissements historiques et nouvellement créés, mais aussi une démarche de promotion plus appuyée. Nous savons que la concurrence est parfois composée d’établissements affichant un projet pédagogique ambitieux, des installations alléchantes et une gouvernance efficace.
Dans ce contexte, si nous voulons toujours pouvoir considérer notre réseau comme un fleuron de notre influence dans le monde, il est urgent d’œuvrer pour davantage mettre en avant notre ADN, nos atouts, rendre nos convictions plus visibles, nos fonctionnements plus lisibles, et démontrer une volonté d’amélioration permanente.
Seule une telle démarche stratégique, devant embarquer notamment les associations de parents d’élèves, permettra d’assurer, certes, la croissance, mais aussi d’envisager un progrès qualitatif, pérenne et rassembleur.

Je vous remercie.
Pour la FAPEE,
Hugo Catherine, Président