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L’école inclusive dans le réseau

L'école inclusive dans le réseau

Le premier Colloque international sur l’école inclusive dans le réseau, organisé par la commission Aledas (Aider les Enfants en difficulté d’Apprentissage Scolaire), émanation de l’Association des Parents d’Elèves du LFB, s’est déroulé les 23 et 24 novembre 2018 au Lycée Français de Barcelone (LFB), avec la participation active du lycée, de l’ambassade, de l’AEFE, de la Mission Laïque, de l’Union des Parents d’Élèves du Lycée français de Bruxelles (UPE) et de la FAPEE. Cette rencontre a permis un échange actif d’expériences autour des élèves ayant des besoins éducatifs particuliers (EBEP) et de la mise en place d’une éducation inclusive tant dans la classe et à l’école - dans le contexte spécifique de l’enseignement français à l’étranger - qu’à la maison. Plus de 150 enseignants et parents des lycées français de presque toute l’Europe et de quatre pays du reste du monde (Singapour, Sydney, Tunis, Abidjan) ont participé à ces journées animées par des professionnels et thérapeutes de l’éducation inclusive (Alain Trintignac (IA-IPR Coordonnateur du premier degré et référent EBEP à l’AEFE), Dominique Collado (Chargée de mission 1er degré à la MLF et référente EBEP), Guylène Esnault, COCAC adjointe, Giuseppe Innocenti), Serge Thomazet, chercheur, Académie d’Auvergne, José Puig (directeur de l’INSHEA) , Jeanne Siaud-Facchin (Psychologue), Emilie Schlumberger (Pédiatre), Hervé Glasel (fondateur des écoles SEREN) , Nathalie Groh (Présidente de la fédération des DYS), Corinne Truffier (animatrice d’ateliers "Vis ma vie de DYS")

Ce 1er colloque du réseau prenait place après le séminaire « Ensemble pour l’Education Inclusive », organisé les 18 et 19 octobre 2018 à Paris, par Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education Nationale, qui a redit sa détermination à « bâtir une société inclusive dans laquelle chaque enfant trouvera sa place à l’école ».

La présentation de Serge Thomazet, professeur à l’université de Clermont-Ferrand a fait réfléchir sur l’évolution sociétale de la personne en situation de handicap, de la relégation, à la protection, à l’inclusion. La loi du 11 février 2005 pour l’Egalité des droits et des chances a énoncé la notion de compensation du handicap et insisté sur l’accueil de la personne en situation de handicap dans un cadre ordinaire de vie. L’accueil en établissement spécialisé doit être exceptionnel. Elle a mis en place les Maisons Départementales des Personnes Handicapées (MDPH), guichet unique d’information et d’accès aux droits.
Pourtant, Si l’école inclusive est une ambition comprise et acceptée de tous, nous en sommes encore à la mise en œuvre a rappelé M. Thomazet. Il y a pourtant une nécessité éthique et économique à sortir ces enfants et futurs adultes d’une logique de dépendance. Tout le monde doit pouvoir vivre et contribuer avec ou en dépit de ses fragilités. Or, bien que les enseignants soient entièrement désireux d’accueillir les enfants à BEP, ils se trouvent souvent dépassés par certaines situations (enfants autistes, à handicaps lourds, en très grandes difficultés scolaires, …) et seuls à devoir construire l’école inclusive, sans que le fonctionnement et l’organisation de l’établissement (et du ministère) ne soient questionnés.
Ils sont devant une injonction paradoxale : comment être à la fois bienveillant pour chacun et tenir les normes scolaires ? Comment être équitable ?
Or, la classe ne peut pas être inclusive si l’école ne l’est pas.
Toute la question désormais est celle de l’ACCESSIBILITÉ DE L’ÉCOLE, à la fois pédagogique, organisationnelle, administrative, didactique.
Ceci demande de construire des écoles et des parcours scolaires en équipe entre les spécialistes (médecins, psychologues, neuromotriciens, …), les enseignants et les parents. Il faut désormais créer ensemble un cadre collectif d’action. (C’est en discutant ensemble que spécialistes, enseignants et parents trouveront les réponses aux besoins des enfants, en fonction des ressources de tous. Si la famille ne participe pas à la co-construction des solutions, celles-ci ne pourront être viables.

  • aménagements physiques
  • aménagements dans les curriculums
  • définition des besoins d’attentions particulières

L’inclusion dans le réseau
Alain Trintignac (AEFE) et Dominique Collado (MLF) ont présenté la politique volontariste du réseau au travers de la circulaire du 4 août 2017 relative à la scolarisation des élèves en situation de handicap, la création de l’Observatoire pour les élèves à besoins éducatifs particuliers et la production de documents : FAQ pour les parents, guide des Accompagnants, en coopération avec la FAPEE, guide pour les enseignants. une enquête annuelle recense les mises en place des différents dispositifs PPRE, PAP, PPS dans le réseau. Les plans de formation continue offrent tous des formations spécifiques aux enseignants volontaires.
Il y a encore beaucoup à faire, notamment en terme d’information et de sensibilisation, c’est ce à quoi Corinne Truffier s’est employée, au travers de son atelier "Vis ma vie de DYS".

Lors du 1er colloque sur l’Ecole Inclusive, à Barcelone, j’ai eu le grand plaisir d’animer devant une soixantaine d’enseignants et de parents, les ateliers « Vis ma vie de Dys ».
Ce fut un moment de sensibilisation, de mise en situation où chacun a pu se mettre à la place d’un élève dyslexique, dyspraxique, ou encore TDA.
La participation active et joviale tout comme les échanges pertinents et parfois vifs entre participants, nous ont montré combien nous devons nous mettre à la place des élèves "dys-férents" pour mieux appréhender leurs différences, leurs contraintes tant à l’école qu’à la maison.

Personnellement, ces deux heures d’ateliers furent intenses. J’ai réellement eu le sentiment d’apporter quelque chose pour tous nos enfants à besoins éducatifs particuliers. J’ai apprécié l’engagement de chacun et remercie plus particulièrement les volontaires qui ont merveilleusement joué le jeu ! -C. Truffier

Ce colloque a été une très belle initiative. Ces deux jours de collaboration autour des élèves BEP du réseau ont été constructifs et un formidable moteur pour continuer à se motiver !

La table ronde des parents constatait que l’enseignement français à l’étranger, dont on vante l’excellence et les nombreuses mentions, parce qu’il n’y existe pas de dispositifs type ULIS, SEGPA ou de réseau d’aide spécialisée aux enfants en difficultés pouvait être paradoxalement, au grè d’enseignants de bonne volonté et prêts à se former, plus inclusif que certaines écoles ordinaires sur le territoire national.
Ce qui est attendu pour une école inclusive réelle :

  • une information spécifique sur le site de chaque établissement du réseau les modalités de scolarisation et de suivi des EBEP
  • une formation accrue des professeurs des écoles sur la prise en charge de la difficulté scolaire notamment celle générée par les troubles Dys,
  • la présence d’un enseignant référent par établissement pour aider ses collègues et suivre le parcours de scolarisation des élèves concernés.

Cette première rencontre entre écoles, enseignants, parents et spécialistes s’est révélée riche en échanges, tous étant repartis avec l’envie d’entrer résolument dans l’action, chacun dans sa zone géographique, mais aussi de garder les contacts tissés et de travailler ensemble sur des projets. L’UPE et le Lycée Français de Bruxelles ont d’ores et déjà donné RDV à tous en 2020 pour progresser ensemble davantage.
Les actes du colloque, des enregistrements seront prochainement mis sur le site d’ALEDAS et diffusé dans le réseau.

Pascal Gpikpi/Isabelle Tardé