L’objectif des 7 enseignements de spécialités est atteint, 87 établissements en proposent plus de 8, 8 établissements n’en proposent que 5.
Application de la réforme du cycle terminal à l’AEFE
Dans le prolongement des notes de service publiées par le MENJ au mois de septembre 2018, les établissements du réseau AEFE homologués pour le cycle terminal ont été invités à faire remonter, sous forme d’enquête internet, le détail des enseignements de spécialité envisagés pour leurs élèves à compter de la rentrée de 1ère en septembre 2019. L’enquête invitait à se projeter sur les souhaits des
élèves et des familles dans le cadre de la réforme du cycle terminal, et portait également, à titre accessoire, sur les enseignements de langue et facultatifs mis en place par les établissements.
Ces remontées ont donné lieu à une phase d’analyse et de dialogue avec les établissements, qui s’est en particulier focalisée sur les points suivants :
pour l’enseignement de spécialité NSI, contrôle systématique de la présence d’enseignants certifiés ISN dans l’établissement, ainsi que des CV des enseignants prévus pour dispenser l’enseignement, auxquels sera proposée par l’agence une formation complémentaire ad hoc lorsque les modalités de celle-ci auront été arrêtées ;
pour l’enseignement de spécialité SI, très faiblement sollicité, des précisions ont également été demandées ;
pour les enseignements de spécialité dans le domaine des Arts, l’attention a porté sur l’existence préalable des options facultatives correspondantes, conduisant à émettre des avis négatifs à chaque fois qu’elles n’étaient pas présentes, ou de création trop récente ;
la même logique a prévalu pour l’examen des enseignements de spécialité LCA Latin et Grec.
Au terme de ce travail, les résultats de l’enquête ont été transmis au mois de janvier 2019 au MENJ, pour validation ou amendement (notamment au regard des avis rendus par l’AEFE) de la carte proposée.
14 mars 2019
Colloque sur l’avenir de l’EFE
Plusieurs représentants de parents administrateurs de la FAPEE interviendront le 15 mars prochain, notamment sur la gouvernance.
Nous sommes convaincus à la FAPEE que la complémentarité des apports des uns et des autres contribue fortement à la cohérence et au dynamisme d’un établissement scolaire et d’un système éducatif.
Savoir associer les parents change tout : la confiance mutuelle, l’état d’esprit et le sentiment d’appartenance.
Monsieur le président,
Monsieur le directeur,
Mesdames, Messieurs les administrateurs,
Nous souhaitons féliciter Monsieur Olivier Brochet pour sa nomination à la direction de l’Agence et formulons des voeux de succès dans cette période de réforme essentielle à laquelle la FAPEE doit être pleinement associée.
La FAPEE, qui a élaboré en mai dernier 50 propositions concrètes issues de constats faits depuis longtemps, se félicite que Madame la député Samantha Cazebonne s’en soit inspiré pour partie dans son rapport dans lequel elle rappelle qu’il y a lieu d’entendre les attentes élevées des parents.
Oui, les parents qui ont fait le choix de l’enseignement français à l’étranger – car c’est un choix – ont des attentes élevées et nous devrions tous nous en réjouir car cela témoigne d’un attachement et d’un intérêt, bien plus positifs que l’indifférence ou la désaffection.
Ces attentes que la FAPEE exprime et défend sont d’ordre pédagogique, économique et stratégique. Ces attentes visent à ce que les coûts de fonctionnement du réseau soient maîtrisés et restent abordables pour les familles tout en maintenant une offre scolaire de qualité, concurrentielle, internationale et adaptée aux réalités locales. Elles visent également à renforcer le partenariat effectif avec les parents d’élèves, dans un esprit constructif au sein des établissements – dont beaucoup sont gérés par une association de parents d’élèves qui en assument la responsabilité juridique et financière – ou au sein de ce conseil d’administration puisque nous ne sommes que deux représentants des familles dans un conseil qui compte 28 membres !
Papa-Maman – pour reprendre l’expression condescendante d’un syndicat de personnels – sont les principaux contributeurs d’un réseau qu’ils financent à 80% mais ce n’est pas uniquement par leur large participation financière qu’ils doivent avoir voix au chapitre. Eux aussi permettent d’assurer la continuité du service public d’éducation et le rayonnement de la France : ce n’est pas un monopole catégoriel.
Pour continuer à filer la métaphore servie lors du comité technique paritaire, Papa-Maman ne veulent pas conduire le bus ou désormais piloter l’avion, ils font confiance à l’AEFE et à ses personnels pour cela. Mais ils ne veulent plus être considérés comme de simples passagers dont le prix du billet ne cesse d’augmenter. Il convient d’arrêter de regarder dans le rétroviseur pour plutôt regarder devant le chemin à parcourir si on veut faire évoluer l’institution qu’elle pour perdure.
Papa-Maman ne sont pas des ennemis, des hystériques, des ignorants mais des partenaires raisonnables à la réflexion commune. Et de grâce bannissons une fois pour toutes ce terme inapproprié d’usager pour décrire les parents. Ils sont des membres à part entière de la communauté éducative et des acteurs incontournables du système éducatif.
Nous sommes convaincus à la FAPEE que la complémentarité des apports des uns et des autres contribue fortement à la cohérence et au dynamisme d’un établissement scolaire et d’un système éducatif. Savoir associer les parents change tout : la confiance mutuelle, l’état d’esprit et le sentiment d’appartenance, ce dont le ministère de l’Education nationale est bien conscient, le titre de la réforme en cours l’atteste.
Nous attendons désormais la concertation entre les différents acteurs et les orientations présidentielles. Ceci ne dispense toutefois pas qu’un groupe de travail émanant du conseil d’administration de l’Agence soit créé afin que soient étudiées les recommandations du rapport Cazebonne et que nous puissions ensemble envisager l’avenir de ce réseau, les contraintes qui s’imposent et les réformes à mettre en oeuvre.
Je vous remercie de votre attention.
François Normant
Président de la FAPEE
Déclaration liminaire FAPEE CA Aefe 14/03/2019
25 février 2019
Le rapport Cazebonne
Documents à télécharger :
Rapport Cazebonne 2019 sur l’enseignement français à l’étranger :
Depuis 2016, le « Diplôme Bilingue Avancé » fait l’objet d’un programme pilote mis en place dans trois écoles du réseau Mlf America (l’école internationale de Dallas, l’école internationale franco-américaine de San Francisco et l’école internationale du Canada à Toronto).
Au printemps 2018, l’IB a décidé de valider ce programme pilote et d’offrir indéfiniment le « Diplôme Bilingue Avancé » qui pourra ainsi être proposé dès la rentrée de septembre 2018 dans l’ensemble des établissements scolaires autorisés à offrir le programme du diplôme.
La première promotion du « Diplôme Bilingue Avancé » de l’IB a été célébrée à l’issue de la session de Mai 2018. Siva Kumari, directrice générale de l’IB, a pu rencontrer une partie de ces élèves le 23 mai 2018 lors de sa visite à Dallas. 46 élèves ont obtenu ce prestigieux diplôme cette année (9 à Dallas, 8 à San Francisco et 29 à Toronto).
La création du « Diplôme Bilingue Avancé » s’inscrit pleinement dans les valeurs communes partagées par le Baccalauréat International et la Mission laïque française, ainsi que dans les objectifs du diplôme. Particulièrement adaptée au profil des élèves scolarisés dans le réseau mlfmonde, cette certification associe la rigueur universellement reconnue du programme du diplôme débouchant sur le Baccalauréat International dans sa version classique, à la reconnaissance d’une maîtrise supérieure de l’anglais et du français. Son obtention apporte la preuve d’une ouverture internationale confirmée, sur la base d’une maîtrise de deux des principales langues à très large diffusion mondiale. Elle prouve également une capacité attestée de réflexion et d’adaptation, nécessaire à une formation post-baccalauréat réussie. Elle correspond enfin aux exigences d’une vie personnelle et professionnelle de plus en plus ouverte sur le monde et pouvant tirer le meilleur parti d’un portefeuille linguistique et culturel riche et diversifié.
25 février 2019
"La gouvernance de Papa-Maman" ou comment se débarrasser des parents...
Le rapport Cazebonne sur l’enseignement français à l’étranger a la bonne idée de s’intéresser aux parents du réseau. Mais voilà ! parce que la députée propose d’attribuer aux représentants élus des parents d’élèves autant de sièges qu’aux représentants des personnels au conseil d’administration de l’AEFE (nous en avons 2 sur 28, nous monterions à 5 sur 28), certains crient à la démagogie.
Parce que nous réclamons, dans les EGD, que les parents soient associés à la discussion du budget dans le cadre d’une commission permanente en amont du conseil d’établissement - comme cela se fait en France dans les lycées publics-, ou qu’ils soient associés aux décisions immobilières, - qu’ils FINANCENT ! ... On dénonce la "gouvernance de Papa-Maman » !
Quelle condescendance ! Que d’arrogance ! Faut-il rappeler aux sachants que "Papa-Maman" sont aussi des professionnels… Que "Papa-Maman" ont étudié, voyagé, qu’ils connaissent leur système éducatif et d’autres aussi, qu’ils savent comparer et que "Papa-Maman" sont aussi parfois profs…
Ce qui scandalise, c’est le fait que Samantha Cazebonne ait eu l’audace de proposer que les parents élus soient consultés -pour avis- sur une extension de mission. Que le CE arrête des critères de satisfaction à sonder auprès des familles.
Que répondre ?
Que les systèmes éducatifs ne sont pas tous verticaux et hiérarchiques. Que certains ont des organes de gouvernance où l’avis des représentants des parents compte. Que le présupposé à cette consultation n’est pas que le parent est un hystérique, un ignorant, un méchant mais qu’il est un contributeur raisonnable à la réflexion commune. Qu’on peut compter sur son sens des responsabilités. D’ailleurs, la grande majorité des établissements du réseau sont gérés par des parents. Et beaucoup sont très correctement gérés. En bonne intelligence. En bonne compagnie.
24 février 2019
Nos points sur le rapport de Samantha Cazebonne
1. Les considérations financières :
- Trouver des marges de financement pour l’AEFE :
- la moitié de la subvention de l’Etat Français est mangée par le poids des retraites (les pensions civiles) des personnels résidents et expatriés
- bien que les salaires (et accessoires) de l’ensemble des personnels sont largement cofinancés par les établissements.
- Trouver les moyens de répondre à la commande présidentielle de faire croitre l’enseignement français à l’étranger, par l’initiative privée ou étrangère puisque il n’y aura pas d’afflux massif d’argent public.
=> La réponse principale apportée par le rapport :
- Le remplacement des différents statuts des personnels (Expatriés, résidents, TNR…) par un statut unique pour les titulaires, modulé en fonction des responsabilités du poste : le détaché direct. Un des gros avantages est que la pension civile (part patronale = 74% du salaire indiciaire) du détaché direct est toujours imputée au budget de l’Etat. Si au terme de ces 2 missions de 3 ans, il choisit de se localiser , il aurait alors la possibilité de cotiser au régime de retraite locale (certains peuvent être très avantageux) ou de rester au régime des retraites de l’Etat. C’est avantageux pour l’établissement évidemment. Pour le personnel Education nationale, c’est à voir, les syndicats doivent défendre les polypensionnés.
2. L’évolution de l’ensemble du modèle :
• Ressources humaines
– Assumer la formation initiale et continue d’enseignants qui se destinent à l’enseignement français à l’étranger et les certifier tout au long de leur parcours de formation.
Le rapport propose, surtout, - et c’est une demande forte que nous portons depuis longtemps-, pour les enseignants non titulaires, une réelle formation diplômante et valorisante. Les Diplômes universitaires déjà mis en place, notamment par la Mission Laïque et l’AFLEC sont une avancée majeure, comme le deviendraient les ESPEI (instituts locaux de formations à l’enseignement international) localisés dans les gros établissements, comme c’est déjà le cas au lycée franco-mexicain. Sans négliger évidemment d’un réel accompagnement pédagogique et didactique de terrain valorisé par des certifications « enseignement à l’étranger » tout au long de la formation continue. (Recommandations 73 à 79)
– Veiller aux évolutions de carrière des personnels, à la valorisation de l’expérience à l’étranger lors du retour en France.
– Permettre aux titulaires souhaitant se localiser de le faire .dans de bonnes conditions
– Donner un ratio minimum et maximum d’enseignants titulaires par élèves par établissement, afin d’offrir à l’ensemble des élèves la même part d’encadrement pédagogique « certifié français ».
• Entendre les attentes élevées des parents
Oui, les parents ont des attentes élevées. C’est sans doute ici que nous devons rappeler que les parents de l’EFE ne sont pas des usagers . Ils ont, choisi, dans leur grande majorité, l’enseignement français dans sa meilleure déclinaison. Ils ont en effet des attentes, d’ordre pédagogique, économique et stratégique que la FAPEE exprime et défend, notamment dans les 50 propositions à l’avenir de l’enseignement français à l’étranger.
A la FAPEE, nous estimons que ce n’est pas seulement parce que les parents paient qu’ils ont droit au chapitre. C’est aussi parce que nous pensons que la complémentarité des apports des uns et des autres contribue fortement à la cohérence et au dynamisme d’un établissement scolaire.
Savoir associer les parents change tout : la confiance mutuelle, l’état d’esprit, le sentiment d’appartenance.
Enfin et surtout ce sont des acteurs essentiels ! Ils sont prêts à s’investir pour leur école, ce qui est une richesse et une force fantastique qu’il ne faut pas decourager.
C’est eux le facteur anti sclérose de l’EFE.
• Frais de scolarité mesurés
– Avoir de la visibilité à trois ans (R.126).
– Etre associés aux décisions stratégiques et budgétaires, notamment sur l’immobilier qu’ils financent en quasi totalité (R. 105,106, 107,108,114, 115).
• Qualité/choix
Le rapport propose de créer des indicateurs qualité des établissements qui prennent en compte :
- l’orientation postbac des élèves,
– les certifications offertes, l’enseignement Français langue étrangère et anglais par groupe de besoins,
- l’accueil des élèves à besoins éducatifs particuliers - notamment de référents “inclusion” en primaire et secondaire dans chaque établissement et des personnels certifiés Ecole inclusive (CAPPEI).
Il invite les établissements à s’évaluer et s’adapter en arrêtant chaque année en Conseil d’établissement des critères de satisfaction à sonder auprès de l’ensemble des familles pour qu’elles puissent conforter les choix de l’établissement ou faire entendre des demandes d’adaptation, notamment sur les langues.
Il invite également à consulter la représentation parentale pour les renouvellements de détachement au-delà de la période de mobilité de 6 ans. (R.125)
3. Gouvernance :
Le présupposé de Madame Cazebonne est que le parent n’est pas un ennemi, un hystérique, un ignorant mais qu’il est un contributeur raisonnable à la réflexion commune. Qu’on peut compter sur son sens des responsabilités.
Elle propose, comme nous le demandons depuis toujours d’augmenter la représentation des associations de parents au CA de l’AEFE (2/28 à 5/28)
Et pour les organismes gestionnaires parentaux, de leur donner un siège en propre au CA de l’AEFE et d’adapter la convention aux contextes très divers de chacun de ces établissements (R.127).
EGD :
Globalement nous apprécions de donner plus de place aux parents dans les instances, de créer des indicateurs de satisfaction, mais quelle sera - en EGD- l’obligation d’y répondre ? Il faut aussi rendre plus "décisionnaires" les instances en EGD, ce qui est le cas pour les projets immobiliers mais dommage qu’il n’y ait rien sur le vote du budget. On doit sortir du piège d’instances se réduisant à des chambres d’enregistrement.
Il semble utile également de noter dans le chapitre gouvernance, les recommandations 129 et 130 sur la médiation pour la résolution des conflits internes.
– élire, dans le cadre du Conseil d’établissement, un binôme de médiateurs (composé d’un
personnel et d’un parent d’élève) reconnus pour leurs compétences ou expériences en la
matière.
– élire un binôme de médiateurs dans le cadre du Conseil d’administration de l’AEFE, suite à la présentation d’une liste de noms suggérés pour leur qualification en la matière.
Enfin, nous saluons, dans le rapport de Samantha Cazebonne, le souci de trouver des solutions adaptées à l’extrême diversité des situations et attentes de la communauté française établie hors de France comme à la diversité de la demande d’offre d’enseignement français et international des familles étrangères.
L’attention portée aux enfants français (souvent binationaux) scolarisés dans le système local mérite d’être saluée. Nous soutenons la création de sections francophones dans l’enseignement public ou privé local qui ouvrent sur des certifications en français ou des bi-diplômes ; (R.1à 37).
Sur la facilitation de l’homologation :
La concurrence peut être saine mais encore faut-il qu’elle soit encadrée… Donc plus de lycées français, oui, mais en veillant à ce que leur développement ne conduise pas à multiplier les établissements qui se cannibaliseraient parce que portant sur le même segment de population.
Les parents, notamment des EGD, craignent des effets de concurrence qui seraient à leur détriment si :
1/ les frais de scolarité continuaient à grimper
2/ le plafond d’emploi était toujours maintenu, a fortiori, pour les personnels de recrutement local.
Documents à télécharger :
Rapport Cazebonne 2019 sur l’enseignement français à l’étranger :
Colloque sur le développement de l’enseignement français à l’étranger
Samantha Cazebonne ouvre la réflexion et le débat sur les recommandations présentées lors de la remise du rapport sur le développement de l’enseignement français à l’étranger. https://www.samantha-cazebonne.com/colloque
22 février 2019
Réunion des ministres de l’éducation nationale française et espagnole
Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, s’est entretenu avec Madame Isabel Celaa Dieguez, ministre de l’Éducation et de la Formation professionnelle – Porte-parole du gouvernement espagnol, au Ministère de l’Education nationale, lundi 18 février 2019.
À l’issue de cet entretien, les deux ministres ont signé une déclaration d’intention dans le domaine de la coopération éducative et linguistique.
Cette déclaration comporte quatre points principaux :
la reconnaissance de l’importance et du succès du Bachibac (créé en 2008) et la volonté de développer ce dispositif en y inscrivant pleinement la mobilité des élèves et des enseignants ;
l’accord de principe pour la signature à venir d’un arrangement administratif sur les sections internationales espagnoles afin de consolider ce modèle d’excellence ;
la nécessité d’un travail en commun pour assurer aux bacheliers français un accès plus fluide aux universités espagnoles (via une grille de conversion équitable des notes) ;
l’ambition d’une coopération forte dans le domaine de l’enseignement et de la formation professionnels, en encourageant notamment les campus des métiers français et les centres de formation intégrés espagnols à travailler en partenariat et en réseau.
Frais universitaires :Contribution FAPEE à la mission Flash de l’Assemblée Nationale
I. Dans quelle mesure l’augmentation des frais de scolarité pour les étudiants étrangers extra-européens risque-t-elle de peser sur l’attractivité des établissements du réseau de l’AEFE d’une part, et sur l’attractivité de l’enseignement supérieur français d’autre part ?
La France, dans son offre éducative à l’étranger, tant celle de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) que de la Mission laïque française (MLF), a toujours valorisé une évidente continuité d’études vers notre enseignement supérieur en France. La promesse d’un enseignement supérieur de qualité et à moindre frais justifiait ainsi, pour de nombreuses familles francophiles et appartenant à une certaine élite intellectuelle, l’engagement culturel et financier que représentent 15 années d’études au lycée français. Pour beaucoup d’entre elles, ces 15 années ont représenté un réel sacrifice car elles n’appartiennent pas toutes, loin s’en faut, à l’élite économique.
L’augmentation annoncée empêchera naturellement nombre de familles de pouvoir inscrire leurs enfants à l’université en France car, faut-il le rappeler, au coût des droits d’inscription il faut ajouter le coût de la vie sur place. Jusqu’à présent les étudiants et leurs familles arrivaient à assumer ce coût cumulé car il correspondait peu ou prou aux écolages qu’ils avaient eu à payer durant la scolarité dans le système français à l’étranger. Mais avec désormais un surcoût de 200 à 300 euros par mois, ça sera problématique pour les plus modestes qui sont toutefois nombreux.
Avec cette incertitude qui va peser sur les parents extra-européens que leurs enfants puissent suivre des études universitaires en France, certains risquent de remettre en cause le choix du système français et se tourner vers d’autre systèmes scolaires qui sont à l’affût et proposent désormais des offres concurrentes. Nous avons en effet constaté au niveau de l’offre éducative dans le 1er et 2e degré, un point de basculement à partir duquel les familles recalculent leurs meilleures options.
Nous craignons que l’augmentation massive des droits d’inscription universitaires ne les oriente vers d’autres écoles internationales ou vers le système privé local qui lui-même tend à s’internationaliser avec un tropisme anglo-saxon fort, notamment par la préparation au « International Baccalaureate ». Celui-ci jouit d’un très grand prestige auprès des familles qui valorisent un enseignement supérieur hors du pays local ou même auprès des universités locales, publiques et évidemment privées.
Non seulement il y aura moins d’étudiants étrangers dans le supérieur en France mais également moins d’élèves étrangers dans nos établissements français dans le monde alors que le Président a appelé de ses vœux les effectifs à doubler !
II. Est-ce que des craintes ont été exprimées par les parents d’élèves au sujet de cette augmentation ?
Nous avons effectué en janvier une mission au Maroc où nous avons rencontré les représentants des associations de parents d’élèves des établissements d’Agadir, de Casablanca, de Fès, de Kenitra, de Marrakech, de Meknès, de Mohammedia et de Rabat. Le premier sujet abordé a été unanimement l’augmentation des droits d’inscription à l’université. Les familles extra-européennes – fort nombreuses dans le réseau marocain – ont exprimé avoir été trahies par cette mesure. Elles ont également considéré être prises en otage car elles ne peuvent plus revenir en arrière pour leurs enfants qui sont dans le système français depuis de nombreuses années. Les mots sont forts et engagent à la réflexion sur les conséquences de cette décision gouvernementale prise sans concertation avec les principaux intéressés.
Nous venons plus récemment d’effectuer des missions à Lomé et à Addis-Abeba où nous avons respectivement rencontré des représentants des associations de parents d’élèves d’Afrique centrale et d’Afrique occidentale et orientale. Le sentiment est partout le même : incompréhension, trahison et interrogation sur le choix de système français pour les jeunes enfants de ces familles, y compris ceux qui sont déjà scolarisés au primaire.
Ceci est particulièrement préoccupant quand on sait que 74% des bacheliers de la zone Afrique font actuellement des études supérieures en France ! Ce choix était naturel : il ne le sera plus désormais.
Nous avons également des craintes exprimées par des parents d’Amérique latine pour qui de surcroit le choix du système français n’est pas naturel car étant hispanophones ou lusophones et qui envisagent désormais d’autres alternatives.
III. Selon vous, une exemption pour tous les bacheliers issus des établissements de l’AEFE serait-elle souhaitable ?
Mais oui ! Non seulement souhaitable mais aussi essentielle.
C’est une évidence stratégique et aussi une évidence morale : il doit y a une continuité de communauté, d’enseignement et de valeurs entre nos élèves et les étudiants qu’ils seront. Ne pas les exempter, c’est briser un sentiment d’appartenance et défaire la communauté des élèves de l’enseignement français à l’étranger où, justement, la nationalité s’efface derrière le partage de la langue, de la culture et des enseignements de l’école de la République.
Pour mémoire, dans une déclaration commune avec l’Union-ALFM (Association des anciens élèves des lycées français du monde), la FAPEE a demandé le 24 novembre 2018 qu’un traitement identique à celui des étudiants français et européens soit proposé aux bacheliers non européens des lycées français de l’étranger.
Cette demande a été soutenue par de nombreux élus représentant les Français établis hors de France et a été reprise par la députée Samantha Cazebonne dans le rapport de mission qu’elle vient de remettre au Premier ministre.
CONCLUSION
Rappelons que la Cour des comptes a indiqué dans son rapport de novembre dernier que la différenciation des droits d’inscription entre étudiants européens et extra-européens engendrera des effets d’éviction difficiles à évaluer alors que cela « revêt une importance stratégique pour l’attractivité de la France, sa diplomatie d’influence et son économie ».
Il convient également de rappeler que d’un point de vue purement comptable, une étude de Campus France réalisée en 2014 a démontré que l’accueil des étudiants étrangers en France présente un solde positif. En effet, « alors que le coût de ces étudiants étrangers pour le budget de l’État peut être évalué à 3 milliards d’euros environ, l’apport des étudiants à notre économie se monte à 4,65 milliards d’euros ».
La mesure annoncée par le premier Ministre visant à augmenter les droits d’inscription pour les étudiants extra-européens issus des établissements français de l’étranger s’interprète, en ce qui les concerne, comme une mesure punitive à l’inverse même de l’intention gouvernementale : on n’accueille pas mieux, on met un obstacle de plus. Mauvais signal !
Contribution FAPEE à la mission flash sur l’accueil des étudiants étrangers