Le Bac français international : où en est-on ?

Un point d’étape, des clés pour une mise en place réussie

Le département de l’enseignement de l’AEFE (DEOF) a organisé les 15 et 16 mai un séminaire sur le BFI, destiné aux chefs d’établissement du réseau. L’occasion de faire un point d’étape sur ce parcours en pleine expansion, dont les Lycées français de l’étranger sont par définition des terrains privilégiés d’expérimentation.

Le Bac français international : où en est-on ?

Pourquoi le BFI dans le réseau  ? Selon les enquêtes de l’AEFE, le plurilinguisme est déterminant pour 54% des familles dans le choix d’un établissement scolaire – quand la maitrise de la langue française l’est pour seulement 45% des familles. Les parcours langues et les diplômes les valorisant sont donc au cœur des réflexions sur l’évolution du réseau. Le BFI a remplacé l’OIB en 2022, en mettant l’accent sur les enseignements internationaux spécifiques, qui bénéficient d’un volume horaire conséquent… et de coefficients importants.

Quelques chiffres

Il existe pour l’instant dans le réseau, 132 BFI, en 12 langues, dans 63 pays. 91 de ces BFI sont bilingues, 38 sont trilingues et 3 sont quadrilingues. A la rentrée 2025, on comptera 155 BFI. Les BFI anglophones (américains, britanniques et australiens)1 arrivent en tête, suivis par les BFI en langue arabe. 1060 élèves ont été diplômés d’un BFI en 2024 (première promotion), avec 95% de mentions dont 80% de mentions bien et très bien.

Et en France, le BFI se développe-t-il aussi rapidement  ? Pour voir l’ensemble des BFI à la rentrée 2025 en France et à l’étranger, suivez ce lien

Mais le BFI, qu’est-ce que c’est  ?

Voulu pour être accessible à la majorité de nos élèves, le BFI reste un parcours exigeant, destiné aux jeunes ayant une appétence pour le travail. Cependant, ses spécificités font qu’il est adapté à des élèves curieux, et intéressés par un format moins académique qu’une section classique, euro ou binationale – à condition qu’il soit mis en place de manière bien structurée, avec une équipe enthousiaste et dans un cadre linguistique bien défini.

Le BFI vise à développer à la fois l’esprit critique, l’autonomie et l’engagement, et les compétences culturelles des élèves. Il est pensé pour être en phase avec les préoccupations sociétales, environnementales, culturelles des jeunes. Il peut aussi participer de l’adaptation aux spécificités locales.

Tous les BFI comportent, en plus du programme classique  :

  • Une discipline (appelée DNL pour discipline non linguistique) enseignée dans la LVA (langue vivante A)  ; il s’agit presque toujours de l’histoire-géographie, sauf pour les BFI chinois où ce sont les sciences. Une deuxième DNL est possible, adossée à un enseignement de spécialité. La DNL permet d’utiliser la langue dans un autre contexte que le cours de langue, et ainsi de se l’approprier.
  • Un approfondissement culturel et linguistique (ACL) de 2h. L’étude de la langue s’enrichit de dimensions culturelle, patrimoniale et littéraire. Le programme se substitue à celui de LV.
  • Un enseignement transversal appelé Connaissance du monde (CDM)   comportant un projet à mener avec un partenaire professionnel, locuteur natif dans la LVA. Cet enseignement interactif est plébiscité par les élèves.

Réussir la mise en place d’un BFI dans un établissement

Le séminaire a permis de mettre en lumière des expériences réussies de création de BFI, et les conditions à réunir pour que les élèves puissent arriver à ce parcours dans de bonnes conditions  :

  • L’importance d’avoir un enseignement renforcé dans les langues du BFI dès les petites classes (section internationale ou autre type de renforcement), pour permettre à tous les élèves d’arriver au niveau requis au moment du choix du parcours.
  • Un vivier de familles et d’élèves intéressés par la/les langue(s) concernée(s) autour de l’établissement.
  • La qualité des équipes pédagogiques, et des ressources humaines permettant d’assurer la continuité des enseignements non linguistiques en LV.
  • La richesse des partenariats et des activités culturelles autour de la langue et de la culture proposées.

Par exemple, un établissement situé en Allemagne a mené une réflexion sur la présence d’une part d’une importante communauté hispanophone dans la zone d’attractivité, et d’autre part d’un grand nombre d’entreprises américaines. Il a mis en place un parcours langue menant à un BFI trilingue anglais américain / espagnol, qui donne tous les signes de réussite.

Le BFI dans le supérieur

On l’a vu, le BFI nécessite un engagement important de la part des élèves. Il n’est pas forcément réservé à des élèves excellents, mais ils doivent être conscients de l’investissement intellectuel nécessaire, être curieux, ouverts, bref, avoir soif d’apprendre  !

Est-ce que le jeu «  en vaut  » la chandelle  ? Si le but est d’avoir l’assurance d’accéder à des études supérieures brillantes, la réponse est plutôt non. Un BFI moyen ne vaudra pas plus qu’un bac traditionnel moyen, et moins qu’un bon. Mais si l’objectif est de s’ouvrir au monde, d’intégrer une ou plusieurs cultures et des compétences transversales pour en faire un point de force dans un projet ambitieux, le BFI est un atout indéniable.

A savoir  :

  • Le BFI peut donner lieu à la délivrance de modules ou de dispenses dans le pays partenaires (A-level…)
  • Le BFI bilingue permet la délivrance du diplôme de fin d’études de certains pays partenaires : Bachillerato en Espagne, Abitur en Allemagne, Esame di maturità en Italie (ces deux derniers, seulement si l’épreuve finale de DNL est soutenue dans la langue, option au choix de l’élève).
  • Dans Parcoursup, les formations ont la possibilité de taguer les matières du BFI afin de surpondérer les dossiers d’élèves issus de ce parcours. Certaines le font déjà, comme des classes préparatoires d’excellence à la recherche de candidats très bons en langues (le lycée Lakanal par exemple), ou la nouvelle licence d’économie tout en anglais de la Sorbonne «  International tracks  ».

Les postes diplomatiques ont pour mission de faire reconnaitre le BFI aux universités locales   : n’hésitez pas à faire remonter d’éventuels déficits d’information dans vos pays à votre chef d’établissement, ou à la Fapee.

Pour plus d’éléments sur le BFI  : https://eduscol.education.fr/3043/baccalaureat-francais-international-bfi