Pédagogie innovante

L’évaluation sans note : que faut-il en penser ?

Du bon usage de l’évaluation par "compétences" par Christophe Chartreux, professeur de collège
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  • l’évaluation par compétences (EPC) n’est pas une solution miracle. C’est un outil de travail qui permet néanmoins, et beaucoup plus efficacement que les notes, de centrer les apprentissages sur les difficultés des élèves sans jamais retarder ceux dont les difficultés sont moindres ou inexistantes. les EPC ne ralentissent pas les meilleurs et aident les "moyens" et "faibles" à progresser bien plus rapidement et utilement qu’avec les notes ;
  • les EPC doivent être expliquées aux parents dès la mise en place du projet. Ce sont eux les plus inquiets souvent. Habitués qu’ils ont été aux notes en rouge et aux moyennes ;
  • l’élève de collège (c’est moins vrai au lycée) recevant une copie évaluée par chiffres ne lit pas l’appréciation. Encore moins si celle-ci est détaillée. Nos élèves, j’en ai fait l’expérience, lisent très peu, voire pas du tout, les annotations en marge.
    J’ai longtemps pensé aussi, et ne le pense plus, que sans note chiffrée, l’élève lirait davantage son appréciation et ses annotations. Pas forcément ! Souvent, très souvent, l’élève se satisfait de son code couleur et ne lit pas les appréciations que vous avez patiemment et consciencieusement rédigées.
    Alors il existe alors une méthode très simple : rendre les copies SANS code couleur, avec uniquement les appréciations (brêves et précises pour des 6e), PUIS révéler le code couleur à la classe en projetant ces résultats au tableau et en vérifiant - c’est très rapide - que les les élèves, toujours malicieux, n’ont pas transformé un "rouge" en "vert" vif sur leur copie !
    On peut même demander aux élèves de s’auto-évaluer en fonction des appréciations et annotations. Un exercice ponctuel mais constructif sur la durée. Bien évidemment, c’est l’évaluation du professeur qui "fait loi".

La méthode chiffrée est une soustraction puisque la note est le résultat d’erreurs sanctionnées par des points soustraits à un total de 20. L’EPC est une valorisation des acquis, un surlignage des réussites et, bien entendu, la mise en lumière pour l’élève du POURQUOI de ces échecs et du COMMENT ne pas les répéter ;
Depuis la rentrée 2014, il est incontestable et incontesté que l’évaluation pratiquée en 6e a transformé bien des choses :

  • Nous avons vu des enfants stressés, bloqués, pour certains angoissés et paniqués, par les notes chiffrées se libérer, s’épanouir, devenir actifs et sans craintes devant tel ou tel exercice, devant tel ou tel devoir, devant telle ou telle interrogation orale.
  • Nous avons constaté que les élèves brillants ne perdaient rien, bien au contraire, de leur potentiel. Ils développaient même des capacités "créatrices" nouvelles, jadis quelque peu bridées par la seule volonté d’obtenir de "bonnes notes", ce qui pour ceux-là étaient une habitude. Une excellence absolument pas perdue.
  • Nous avons apprécié, ô combien, de voir les élèves "moyens" et "en difficultés" progresser à grands pas. Ceux-là, qui avec des notes chiffrées et surtout absurdement moyennées (Les moyennes sont l’un des plus grands scandales porté par l’École), ont découvert qu’une erreur n’était plus sanctionnée par un éternel et unique retrait de point(s). L’erreur devenait l’occasion de réfléchir aux pistes à emprunter pour en comprendre l’origine, pour découvrir les moyens de ne plus la reproduire. La couleur rouge n’était plus une sanction mais l’indication d’une réflexion erronée, d’une recherche trop rapide, d’un cheminement à revoir."

Dans le réseau, la très grande majorité des classes de primaire sont à l’évaluation par compétences seulement.
De nombreuses classes de collège (6ème-5ème surtout) ont une évaluation par compétences seulement. D’autres cumulent les 2 systèmes.
L’évaluation par compétences est obligatoire depuis le primaire et jusqu’au brevet et figure dans le livret scolaire unique de chaque élève.

Qu’est-ce que la classe inversée ? http://www.classeinversee.com/

Avec la classe inversée, le professeur propose à ses élèves de découvrir et d’apprendre les leçons à la maison grâce à de nombreuses ressources pédagogiques multimédia qui sont mises à disposition sur Internet ou un ENT, et de travailler en classe sur les applications et la mise en pratique des leçons.
Avec cette approche pédagogique, le processus traditionnel de l’enseignement est inversé. L’élève construit d’abord son cours à la maison à partir des lectures ou des vidéos recommandées par l’enseignant. Puis, en classe, il applique les connaissances acquises en faisant des exercices en groupe ou des travaux pratiques.